L’histoire du militantisme 2SLGBTQIA+ au Canada est riche et diversifiée, mais il est important de reconnaître que, pendant trop longtemps, les voix des personnes racisées ont été mises de côté. En cette Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, la Société historique de la fierté canadienne met en lumière les militant·e·s racisé·e·s 2SLGBTQIA+ qui ont contribué à façonner nos communautés.
Comprendre l’intersection entre la race et l’identité 2SLGBTQIA+
Ces militant·e·s ont dû faire face non seulement à l’homophobie et à la transphobie, mais aussi aux effets dévastateurs du racisme. Leurs luttes étaient multiples, nécessitant résilience et engagement pour combattre sur plusieurs fronts.
Pionnier·ère·s du militantisme
Les activistes racisé·e·s ont depuis longtemps marqué les premiers mouvements 2SLGBTQIA+. Alors que la lutte pour les droits 2SLGBTQIA+ prenait de l’ampleur, le discours était souvent dominé par des voix blanches et issues de la classe moyenne, laissant les personnes autochtones, noires et racisées (BIPOC) sans une représentation adéquate. En réponse, des militant·e·s ont exigé une plus grande inclusion et visibilité au sein du mouvement.
Angela Robertson, militante queer noire, œuvre depuis longtemps pour la justice sociale, l’équité raciale, l’égalité des genres et les droits 2SLGBTQIA+. Née en Jamaïque et installée à Toronto, elle consacre sa vie à soutenir les communautés 2SLGBTQIA+ racisées. Elle a cofondé Blockorama, la scène la plus ancienne de la Fierté de Toronto, célébrant les personnes noires, caribéennes et africaines 2SLGBTQIA+. Elle a aussi dirigé le Black Health Equity Working Group, qui lutte contre les inégalités en matière de soins de santé dans les communautés noires. Son leadership s’étend au sein du Black Coalition for AIDS Prevention, de Houselink et de la Stephen Lewis Foundation. Ses contributions lui ont valu de nombreux honneurs, notamment un doctorat honorifique en droit de l’Université York et le prix Denise Brooks Equity Champion.
Kent Monkman, artiste bispirituel cri, utilise son art pour remettre en question les récits coloniaux et explorer les expériences autochtones queer. Ses peintures, installations et performances dénoncent le colonialisme et célèbrent la résilience et la sexualité. Son travail mélange histoire et exagération artistique pour susciter des conversations sur l’histoire et l’identité autochtones, s’inspirant du modernisme européen pour déconstruire le traitement des peuples autochtones.
Leurs histoires, parmi tant d’autres, nous rappellent que les personnes racisées 2SLGBTQIA+ sont depuis longtemps en première ligne de la lutte pour la visibilité, le respect et le changement systémique.
L’impact du colonialisme et des barrières à l’immigration
Les effets du colonialisme sur les identités bispirituelles autochtones sont au cœur de cette histoire. Avant la colonisation, de nombreuses cultures autochtones reconnaissaient des rôles de genre et de sexualité diversifiés. Les forces coloniales ont cherché à effacer ces traditions, causant des dommages durables. Les personnes bispirituelles jouent un rôle essentiel dans la réappropriation et la revitalisation de leurs identités culturelles, poursuivant leur lutte contre les effets de l’oppression coloniale. Des groupes comme 2-Spirited People of the 1st Nations offrent des programmes et un soutien adaptés aux personnes autochtones 2SLGBTQIA+.
Les politiques d’immigration ont également façonné l’expérience des personnes BIPOC 2SLGBTQIA+ au Canada. Beaucoup ont dû naviguer à la fois leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et leur identité raciale ou ethnique. Ces facteurs croisés ont parfois créé des obstacles à l’établissement et à l’inclusion. Des organismes comme Rainbow Railroad continuent d’aider les réfugié·e·s 2SLGBTQIA+ cherchant à fuir la persécution. En 2024, Rainbow Railroad a enregistré une augmentation de 80 % des demandes d’aide provenant de personnes 2SLGBTQIA+ à travers le monde depuis 2021. De même, Rainbow Refuge à Edmonton a vu son nombre de membres tripler au cours de la dernière année, alors que de nouveaux arrivant·e·s accèdent à des services juridiques, de counseling et de logement.
Un héritage de changement
Les militant·e·s d’aujourd’hui s’appuient sur le travail acharné de leurs prédécesseur·e·s. Des groupes comme The Enchanté Network relient les organisations 2SLGBTQIA+ à travers le Canada, veillant à ce que les voix racisées fassent partie des discussions sur les politiques et la représentation.
La lutte pour les droits 2SLGBTQIA+ a toujours été liée à la lutte pour la justice raciale. En mettant en avant le travail des militant·e·s racisé·e·s, nous ne faisons pas que rendre hommage au passé—nous affirmons notre engagement en faveur d’un avenir plus inclusif et équitable.
La Société historique de la fierté canadienne invite tout le monde à explorer l’histoire riche du militantisme 2SLGBTQIA+ au Canada. Les personnes racisées ont joué un rôle fondamental dans cette histoire, et célébrer leurs contributions est essentiel pour avancer ensemble.
References:
https://nowtoronto.com/culture/5-black-queer-artists-activists-toronto-queer-and-now/
https://www.dannywithlove.com/blog/kent-monkman-is-decolonizing-gender
https://globalnews.ca/news/8903907/two-spirit-indigenous-colonization-lgbtq-inside-pride/