Chaque année, le troisième mercredi d’octobre, nous célébrons la Journée internationale des pronoms. Aujourd’hui, nous célébrons les magnifiques façons dont la langue façonne nos expériences et nous réfléchissons à la façon dont la langue nous appartient à tous, et nous avons tous le droit de l’utiliser comme nous l’entendons. La Journée internationale des pronoms a été reconnue pour la première fois en 2018 et est commémorée en participant à des organisations locales qui cherchent à faire entendre la voix des personnes trans et non binaires, ainsi qu’en les éduquant sur le sujet des pronoms et sur l’importance cruciale qu’ils revêtent dans notre langage.
Les pronoms désignent tout mot pouvant remplacer un nom, ce qui signifie qu’ils peuvent être utilisés pour désigner des objets, des animaux et, bien sûr, des personnes. Presque toutes les langues du monde utilisent des pronoms qui sont des éléments cruciaux de leur grammaire et de leur vocabulaire, même si ces pronoms diffèrent souvent à bien des égards. Le japonais, par exemple, utilise les pronoms beaucoup moins fréquemment que d’autres langues.
Parmi les familles de langues, ce sont généralement celles qui utilisent le « genre grammatical » qui utilisent également des pronoms sexués. Les langues romanes, par exemple, attribuent un genre à tous les noms – pas seulement aux êtres vivants, mais aussi aux objets et aux lieux – et contiennent donc un genre grammatical. La plupart des autres langues indo-européennes et afro-asiatiques disposent également d’un système de genre grammatical et donc de pronoms sexués, mais il existe quelques exceptions à cette règle. L’anglais, par exemple, ne considère pas une chaise comme féminine (contrairement à l’espagnol), mais utilise toujours les pronoms grammaticaux – he/him et she/her – même en l’absence d’un système de genre grammatical.
De nombreuses langues ne contiennent aucun pronom sexué. La majorité des langues austronésiennes, est-asiatiques, ouraliennes, quechuas, et bien d’autres encore, entrent dans cette catégorie. La plupart d’entre elles ne contiennent pas non plus de genre grammatical. Les langues Niger-Congo relèvent également d’un schéma similaire ; les pronoms dans ces langues sont séparés par des classifications, mais celles-ci n’incluent pas le genre ou le sexe. En swahili, par exemple, le pronom yeye peut être utilisé pour désigner n’importe quel genre, mais sa classification indique clairement qu’il désigne un être vivant, et non un objet ou un lieu quelconque.
Peut-importe, qu’une langue utilise ou non des pronoms sexués, il y aura toujours un besoin de pronoms qui fonctionnent au-delà du binaire. Les personnes non binaires et les autres personnes qui ont besoin d’un tel langage existent partout dans le monde et parlent toutes sortes de langues, de sorte que les pronoms affirmant le genre seront toujours nécessaires dans toute langue qui ne les fournit pas. L’anglais dispose d’un large éventail de ces dispositifs linguistiques ; les pronoms neutres les plus courants à la troisième personne sont they/them – qui sont utilisés au singulier depuis 1375 ! -Mais de nombreuses personnes utilisent des néo-pronoms avec ou à la place de cet ensemble particulier. Ces néo-pronoms sont peut-être un peu plus jeunes, mais ils illustrent de manière étonnante la malléabilité et la liberté de la langue – si aucun mot ou élément de grammaire ne correspond à vos besoins, inventez-en un !
Cette vaste expansion du langage n’est en aucun cas limitée à l’anglais. Les langues du monde entier développent de nouveaux moyens passionnants d’inclure les personnes, quelle que soit leur identité. En espagnol, le pronom neutre elle (une combinaison de él et ella) a été largement adopté dans le monde entier, tandis que les germanophones ont commencé à utiliser sier ou xier et que le portugais utilise désormais elu comme troisième option. L’essor des pronoms neutres en français, quant à lui, doit beaucoup au Canada. Si l’histoire de iel (le pronom neutre le plus connu en français) remonte au début des années 2010, c’est un groupe de doctorants faisant pression pour son utilisation standard à l’Université du Québec à Montréal en 2018 qui a véritablement mis le feu aux poudres.
Bien qu’il y ait eu de nombreux débats sur la « convenance grammaticale » depuis lors, y compris de la part d’organismes gouvernementaux aux niveaux provincial et fédéral, l’ajout de iel au dictionnaire en ligne Petit Robert en octobre 2021 est la preuve d’un changement positif. Il s’agit d’un autre pas significatif vers le bien-être des personnes non binaires francophones dans leur langue, et les débats ont été beaucoup moins polarisés au Canada qu’en France, où la lutte pour une langue qui inclut tout le monde est toujours d’actualité.
La Journée internationale des pronoms est une excellente occasion de découvrir toutes les façons extraordinaires dont la langue peut inclure tout le monde, et de rappeler que l’objectif même de la langue est de faire exactement cela. L’idée que la langue a des « règles » gravées dans le marbre, qui ne doivent jamais être modifiées, est contraire au sens même de la langue. La seule raison pour laquelle nous communiquons comme nous le faisons aujourd’hui est que la langue a évolué et qu’elle continuera à le faire tant qu’il y aura quelqu’un pour l’utiliser. Les pronoms neutres ne sont que les derniers d’une longue série d’évolutions de la façon dont nous communiquons, et c’est un ajout vraiment magnifique.