Le 6 avril est la Journée internationale de l’asexualité, un moment pour se rassembler afin de reconnaître la beauté et la richesse de la communauté asexuelle, mettre de l’avant les voix asexuelles, et sensibiliser aux nombreux défis auxquels les personnes asexuelles font face en vivant leur vérité. Les personnes asexuelles ont toujours été une facette indissociable de la communauté 2SLGBTQIA+, et nous devons profiter de cette journée pour réaffirmer cette réalité.
La Journée internationale de l’asexualité est un événement relativement nouveau dans le calendrier 2SLGBTQIA+, la première ayant eu lieu en 2021. Elle a été conçue pour compléter d’autres événements consacrés aux personnes asexuelles, comme la Semaine de l’asexualité à la fin octobre. Contrairement à ces événements, la Journée internationale de l’asexualité met spécifiquement l’accent sur les expériences asexuelles en dehors du monde occidental et anglophone, où se concentre actuellement la majeure partie des discussions sur les enjeux asexuels. Fidèle à cette mission, la création de cette journée a été le fruit d’une collaboration entre des organisations du monde entier, ce qui en fait une célébration véritablement mondiale. Le 6 avril a été choisi car il ne chevauche aucune autre date importante à l’échelle internationale, bien qu’il coïncide parfois avec la Semaine de sensibilisation à l’autisme — ce qui pourrait être une heureuse coïncidence, considérant la présence d’une communauté vibrante de personnes autistes et asexuelles. Ce choix permet également d’ajouter une date axée sur l’asexualité dans la première moitié de l’année, une période jusque-là sans événement marquant en ce sens.
Le terme « asexuel·le » peut se définir de manière générale comme une personne qui ressent peu ou pas d’attirance sexuelle. Il s’agit d’un spectre ou d’un terme parapluie qui englobe une vaste gamme d’expériences vécues. Bien que toutes les personnes asexuelles partagent ce fil conducteur, il existe une grande diversité dans la manière dont elles vivent l’attirance, quelle qu’en soit la nature. L’attirance sexuelle se définit simplement comme le désir ou l’élan d’avoir des relations sexuelles avec quelqu’un, mais l’intensité de cette attirance ne détermine pas nécessairement la participation à des activités sexuelles. Certaines personnes asexuelles sont « dégoûtées par le sexe » (sex-repulsed), c’est-à-dire qu’elles n’ont aucun intérêt pour les activités sexuelles, tandis que d’autres sont « sexuellement positives » (sex-positive) et peuvent y participer volontairement et même y trouver du plaisir. D’autres se situent quelque part entre ces deux extrêmes. Le fait qu’une personne asexuelle participe ou non à des activités sexuelles n’a aucune incidence sur son identité — les personnes asexuelles le sont peu importe leur comportement sexuel.
Il est également important de souligner que l’asexualité et l’aromantisme ne sont pas nécessairement liés. Bien que les deux communautés partagent de nombreuses expériences et défis et soient souvent proches, elles demeurent distinctes. Il existe des personnes à la fois asexuelles et aromantiques (souvent appelées AroAce), qui sont une composante essentielle et précieuse de la communauté asexuelle, mais plusieurs personnes asexuelles ressentent bel et bien de l’attirance romantique et sont tout aussi importantes et valorisées. De plus, bon nombre d’AroAces considèrent leur asexualité comme distincte de leur aromantisme, alors que d’autres perçoivent les deux comme liés. Ces deux façons de vivre sont tout à fait valides et démontrent que le vécu de l’attirance romantique — ou son absence — n’a aucun impact sur la légitimité de l’identité asexuelle.
Un élément fondamental de la Journée internationale de l’asexualité est de sensibiliser le public aux réalités et aux luttes que vivent les personnes asexuelles partout dans le monde. En plus de la discrimination institutionnalisée, comme les lois qui rendent un mariage invalide en l’absence de relations sexuelles, ou les pratiques de « thérapie corrective » imposées de force à des personnes asexuelles, il existe un déni — sinon un rejet pur et simple — de l’identité et des expériences asexuelles. L’asexualité a été qualifiée de maladie mentale, on a dit aux personnes asexuelles qu’elles étaient incapables de ressentir de l’amour, et certaines personnes prétendent que l’asexualité n’est pas une orientation sexuelle ou que les personnes asexuelles bénéficient de privilèges hétérosexuels et ne subissent aucune forme de discrimination. Ce genre de discours provient autant de la population générale que de la communauté 2SLGBTQIA+ élargie, et nous devons rester attentifs et le dénoncer systématiquement. Les personnes asexuelles font partie intégrante de la communauté 2SLGBTQIA+ et nous ne devons pas tolérer ce type de comportement au sein d’un espace qui se veut inclusif et sécuritaire. En lien avec le thème de la Journée internationale de l’asexualité, il existe un manque flagrant de ressources sur les expériences asexuelles en dehors de la sphère anglophone et du monde occidental. Il s’agit d’un enjeu à corriger, sans quoi l’activisme risque d’exclure celles et ceux qu’il est censé représenter.
Une chose que nous pouvons faire pour appuyer la communauté asexuelle est de continuer à parler d’asexualité et à promouvoir une meilleure représentation des personnes asexuelles tout au long de l’année, ainsi que de dénoncer l’acephobie dès qu’elle se manifeste. En cette Journée internationale de l’asexualité, engageons-nous de nouveau à accomplir cette tâche et veillons à faire entendre les voix asexuelles, non seulement aujourd’hui, mais tous les jours.