Au Canada, nous célébrons la Journée du chandail rose chaque année le troisième mercredi de février. C’est une occasion de sensibiliser à la nature insidieuse et omniprésente de l’intimidation, de soutenir les victimes et de nous engager à créer des communautés sûres et inclusives pour tous.
La Journée du chandail rose est une initiative canadienne. Elle a été organisée pour la première fois localement en 2007, en Nouvelle-Écosse, avant d’être officiellement reconnue l’année suivante en Colombie-Britannique. Depuis, elle s’est répandue à travers le pays, puis à l’international. Aujourd’hui, la Journée du chandail rose est un événement national au Canada et est reconnue dans plus de 110 autres pays. En dehors du Canada, seul un autre pays observe officiellement cette journée : la Nouvelle-Zélande, où elle a lieu le troisième vendredi de mai.
L’histoire de la Journée du chandail rose est fascinante, et si vous souhaitez en apprendre davantage, le billet de blogue du CPHS de l’année dernière offre un aperçu plus complet. Cette journée illustre le pouvoir extraordinaire de la compassion et la facilité avec laquelle la gentillesse peut se propager et grandir. Elle nous rappelle aussi l’importance des petits gestes.
L’intimidation est souvent perçue comme un phénomène visible, limité aux milieux scolaires, mais cette définition exclut une grande partie de la réalité. Selon Sécurité publique Canada, l’intimidation se définit comme des “actes de préjudice intentionnel répétés au fil du temps dans une relation où il existe un déséquilibre de pouvoir”. Cette définition met en lumière le fait que l’intimidation peut toucher des personnes de tout âge, partout, et sous de nombreuses formes. Sécurité publique Canada classe généralement l’intimidation en trois catégories : physique (dommages corporels ou matériels), verbale (mots blessants ou dynamiques sociales nuisibles) et cyberintimidation (utilisation de la technologie comme arme, ce qui rend difficile l’échappatoire).
Malgré les efforts récents, y compris la Journée du chandail rose, pour sensibiliser à l’importance de lutter contre l’intimidation, celle-ci demeure un défi de taille au Canada. Selon l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes, 71 % des jeunes de 12 à 17 ans ont subi au moins un incident d’intimidation au cours de la dernière année. Parmi eux, 42 % en sont victimes chaque mois. De plus, il existe un écart important entre les déclarations des personnes en position d’autorité et le ressenti des victimes : alors que 71 % des enseignants disent agir contre l’intimidation, seulement 25 % des élèves sont d’accord avec cette affirmation. Les témoins jouent aussi un rôle essentiel : 85 % des actes d’intimidation ont lieu sous le regard de témoins, et pourtant, bien que 57 % de ces situations cesseraient en moins de dix secondes si un témoin intervenait, beaucoup choisissent de ne pas agir. L’intimidation est également influencée par des dynamiques sociales plus larges, comme la race, le genre, la classe sociale, le handicap et l’identité. Par exemple, les jeunes 2SLGBTQIA+ courent un risque bien plus élevé d’être victimes d’intimidation.
Pour de nombreux jeunes et adultes 2SLGBTQIA+, l’intimidation est un problème récurrent. Selon Egale Canada, près des deux tiers des élèves 2SLGBTQIA+ ne se sentent pas en sécurité à l’école, et la discrimination les suit souvent jusque dans leur milieu de travail et les espaces publics. Comment faire en sorte que la Journée du chandail rose engendre un véritable changement ? Voici quelques idées :
Créer des espaces inclusifs au quotidien
- Adopter des politiques anti-intimidation qui incluent l’intimidation homophobe et transphobe.
- Encourager l’utilisation des noms et pronoms choisis par chacun.
- Intégrer les voix 2SLGBTQIA+ dans les programmes scolaires et discussions en milieu de travail.
Donner confiance aux gens pour intervenir
- Enseigner des moyens concrets d’intervenir sans aggraver la situation.
- Faciliter les signalements anonymes d’intimidation.
- Encourager la bienveillance dans les interactions quotidiennes.
Soutenir les organisations engagées dans la lutte contre l’intimidation
- Egale Canada : Défense des droits 2SLGBTQIA+ et ressources.
- Pflag Canada : Soutien aux personnes 2SLGBTQIA+ et leurs familles.
- Société historique de la fierté canadienne (CPHS) : Promotion de la compréhension et de l’inclusion par l’éducation.
- Groupes et refuges locaux pour jeunes 2SLGBTQIA+.
Faire perdurer la conversation
- Assister à des ateliers inclusifs et les proposer dans les écoles et milieux de travail.
- Favoriser les discussions sur l’équité et la diversité.
- Soutenir les initiatives contre l’intimidation toute l’année.
L’intimidation ne touche pas que les enfants : 40 % des adultes canadiens subissent de l’intimidation au travail chaque semaine, mais peu osent en parler. Peu importe l’âge, l’intimidation a un impact profond sur la santé mentale et physique, l’éducation, l’isolement et le bien-être collectif. La meilleure manière de la combattre est non seulement d’en être conscient, mais aussi d’intervenir chaque fois que nous en sommes témoins.
Chacun a le droit fondamental d’évoluer dans un environnement sécuritaire et bienveillant. La Journée du chandail rose nous rappelle que la gentillesse est un choix, et qu’il vaut toujours la peine de la privilégier.